Vote électronique : le logiciel Belenios s’ouvre au grand public
21 avril 2017
La plate-forme de vote électronique Belenios conçue par les équipes Pesto et Caramba, commune à Inria et au Loria (CNRS, Inria et Université de Lorraine) est désormais ouverte au public.
Chacun peut en effet organiser une élection qu’il soit ou non expert en informatique. Depuis septembre 2016, plusieurs élections de structures académiques se sont ainsi déroulées via ce logiciel et ont montré que d’autres personnes que les concepteurs pouvaient aisément mettre en place une élection grâce à cet outil.
Les concepteurs Véronique Cortier et Pierrick Gaudry, directeurs de recherche CNRS ainsi que Stéphane Glondu, ingénieur Inria s’enthousiasment du succès de leur logiciel Belenios, déjà utilisé pour des élections de comités nationaux de partenaires académiques. Ouvert à tous, il est, pour le moment, davantage utilisé dans le milieu académique qu’associatif. « La contrainte pour utiliser ce logiciel est qu’il faut disposer des adresses mails de toutes les personnes qui sont susceptibles de voter, ce qui n’est pas forcément le cas dans toutes les structures associatives », complète Véronique Cortier.
Que permet le logiciel Belenios ?
Belenios assure la confidentialité des votes et permet la transparence des scrutins car l’urne étant publique, le votant peut vérifier à tout moment que son bulletin (chiffré) est bel et bien déposé dans l’urne, grâce au code remis en amont par mail. Ce code étant un « droit » de vote, l’urne ne connaît que la partie publique des codes de vote. Ainsi, le bourrage d’urne n’est pas possible. Outre la confidentialité, Belenios garantit la vérifiabilité. Si chaque votant peut vérifier que son bulletin est dans l’urne (vérifiabilité individuelle), tout le monde peut vérifier que le résultat correspond aux bulletins dans l’urne (vérifiabilité universelle) et tout le monde peut vérifier que les bulletins proviennent de votants légitimes (vérifiabilité de l’éligibilité)
En quoi est-il sûr ?
Le principe cryptographique de base est que le chiffrement se fait avec une clé publique et le déchiffrement avec une clé privée qui est partagée entre les autorités, souvent au nombre de trois. On parle de chiffrement à clé multiple dès lors que plusieurs clés sont nécessaires pour déchiffrer. Lors du dépouillement, seul le résultat final est déchiffré.
À quand l’utilisation du logiciel Belenios dans le milieu politique ?
Le logiciel Belenios n’est pas adapté aux élections politiques car le vote électronique reste du vote par correspondance. Il n’y a pas de réel isoloir et il faut faire confiance à l’ordinateur. Or, un ordinateur peut être infecté. L’informaticien Laurent Grégoire avait d’ailleurs montré, lors des législatives de 2012 qu’il était possible de modifier le choix d’un électeur au moment de l’envoi du bulletin dans l’urne électronique pour les Français vivant à l’étranger. Le vote papier reste plus sûr que le vote électronique.
Belenios permet d’organiser des élections qui n’existaient pas auparavant et de remplacer des outils comme Google Form ou Lime Survey, des outils initialement conçus pour du sondage et non des élections, en garantissant à la fois confidentialité et transparence.
Une nouvelle version du logiciel Belenios vient de sortir, et la partie client de celui-ci est désormais distribuée sous Debian (Linux). Il n’est pas nécessaire de l’installer pour voter mais grâce à cet outil, tout électeur peut désormais contrôler facilement le bon déroulement de son élection.