Dynalips : capturer la réalité
7 juin 2016
Lorsque l’on réalise un film ou une série d’animation en 3D, à l’image d’Avatar, les dialogues sont essentiels. Pour ce faire, les animateurs se concentrent sur les phonèmes pour en déduire les mouvements des lèvres.
Chercheur au sein de l’équipe Multispeech, Slim Ouni précise que « lorsque c’est bien fait, c’est fait à la main ». Il est évident que cette méthode demande un temps considérable, une séquence de trente secondes sur grand écran revenant par exemple à une journée de travail. Mais si une attention toute particulière est portée aux détails dans les films diffusés au cinéma, les jeux vidéo présentent eux aussi des cinématiques de plus en plus travaillées. Les animations 3D se doivent donc d’être crédibles, leurs détails étant plus que jamais exposés au regard des joueurs et spectateurs.
Pour que l’articulation des personnages soit fidèle et réaliste, il faut anticiper les phonèmes. À cet effet, le projet Dynalips part du dialogue censé être prononcé, soit d’un audio pré-enregistré, pour passer par un système générant à son tour les animations de la bouche du personnage. À travers ce processus, l’anticipation de ces phonèmes est donc matérialisée. Cela permet à l’animateur de générer plus de temps de travail pour s’attarder sur les émotions et la gestuelle, autres composantes incontournables du travail d’animation. En ce sens, l’objectif global est d’humaniser le personnage et le rendre cohérent avec ce qu’est la réalité.
Pour un travail davantage efficace et précis, Dynalips base son travail sur des projets antérieurs telle que la tête parlante, qui dispose déjà d’une base de données réelles. L’objectif est alors d’appliquer à ces données sauvegardées des algorithmes d’apprentissage qui vont en automatiser le process.
En guise de soutien, Dynalips est financé par la SAAT et dispose d’un ingénieur recruté pour amener le projet à maturation. À noter que dans un avenir proche, Dynalips souhaite aboutir à un démonstrateur capable de rendre visibles toutes les applications envisageables avec un tel système. Slim Ouni confie également son envie d’adapter la matérialisation de ces phonèmes à d’autres langues, de façon à flexibiliser le système utilisé par Dynalips. Enfin, des partenariats avec des industriels intéressés par cette possibilité d’embrasser la technique, l’esthétique et l’émotion sont, eux aussi, envisagés.
En définitive, bien que Dynalips réponde déjà aux exigences des nouvelles technologies numériques, le projet se révèle prêt à s’adapter aux évolutions à venir.